top of page

VULNÉRABILITÉ INTRINSÈQUE, STRESS ET SANTÉ MENTALE CHEZ LES EXPATRIÉS ET REPATRIÉS

Dernière mise à jour : 8 déc. 2022


On a longtemps défini la santé mentale exclusivement par l’absence de troubles mentaux.

La santé mentale est un état de bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité.

La santé mentale fait partie intégrante de la santé. En effet, il n’y a pas de santé sans santé mentale.




La santé mentale englobe le bien-être personnel, la satisfaction, la confiance en soi, la capacité à composer avec le stress, à nouer des relations, à gérer le quotidien, à surmonter les tensions normales de la vie, et à travailler.

Certaines personnes sont prédisposées à une santé mentale plus ou moins fragile que d’autres, dû à un ensemble de facteurs génétiques, sociaux, psychologiques et biologiques.

Ainsi, des pressions socio-économiques persistantes sont des facteurs de risque reconnus pour la santé mentale des individus et des communautés. Les expatriés de partout peuvent à tout moment faire face à des problèmes de santé mentale. Ils méritent une solution pouvant les aider quand ils en ont besoin.

Bien que la santé mentale n’ait pas de cible préférentielle, la santé mentale des femmes a une cause multifactorielle touchant aux facteurs génétiques, individuels, et hormonaux, mais aussi, communautaires, sociétaux et relationnels. Les femmes, à tout âge, souffrent de façon plus fréquente de certains troubles mentaux, avec plus de comorbidités. Ceci a également un impact sur leur santé physique et sur l’équilibre familial et social.


L’expatrié peut passer par différents types de stress, notamment le stress de l’expatriation, le stress de l’expatrié, mais aussi le stress traumatique. De plus, des recherches montrent que par rapport à la population nationale, les expatriés risquent plus de souffrir de certains problèmes. Si ceux-ci ne sont pas pris en compte, l’étranger sur un territoire nouveau peut subir les conséquences suivantes :

- l'épuisement dû à la perte de repères peut affecter l’expatrié, qui doit sans cesse s’adapter. Cela peut laisser des séquelles telles que :

  • la dépression

  • la perte de confiance en soi

  • l’isolement

  • l’épuisement professionnel

  • l’épuisement émotionnel

  • la perte d’enthousiasme au travail

  • l’absentéisme

  • le dégoût de prendre soin de sa famille

  • l’usage de substances psychotropes

  • les troubles de conduite alimentaire


Le conjoint qui suit l’expatrié, c’est à dire le conjoint suiveur, le plus souvent la femme, est plus amène de vivre des montagnes russes de mal être comme le mal du pays, lié la distance avec la famille et les amis. Un état qui peut causer une dépression.


Les Facteurs de vulnérabilité (FV) des femmes en matière de santé mentale sont les facteurs individuels, relationnels, culturels, communautaires et sociétaux.


Facteurs de vulnérabilité individuels :

Les femmes n’appréhendent pas les problèmes de la même manière que les hommes. Par ailleurs, elles traversent une fréquence plus élevée d’événements critiques dans leur vie. Ceci dit, pour une même situation vécue chez l’homme et la femme, le niveau d’émotion et de stress est différent.

La femme aura tendance à ruminer les événements vécus, à vivre des émotions intenses, des symptômes psychosomatiques, et postp traumatiques.


La vulnérabilité de la femme entrave non seulement sa sphère physique mais aussi émotionnelle et mentale.

La pauvreté, la perte de l’identité du rôle sexuel (problème d’infertilité, ménopause), mais aussi les expériences d’avortement, d’accouchement et de parentalité ont plus d’impacts sur la santé mentale des femmes que des hommes.


La conviction de pouvoir maîtriser son existence est un facteur important d’équilibre psychique. Cette conviction est moins marquée chez les femmes. Le faible revenu, la pauvreté ont un rôle marqué sur la détresse psychique et la maladie mentale chez les femmes.



Facteurs de vulnérabilité relationnels :

La charge importante et constante de la famille est un facteur de risque de maladie psychique chez la femme.

Un autre facteur de risque majeur est la violence interpersonnelle et notamment les violences sexuelles et conjugales, essentiellement commises par des hommes. Entre 15 et 71% des femmes dans le monde ont été victimes de violences physiques ou sexuelles de la part d’un partenaire masculin à un moment ou à un autre de leur vie. Ces violences existent dans tous les milieux socio-économiques et peuvent entraîner de nombreux troubles psychiques, outre des états de stress post-traumatique.



Facteurs de vulnérabilité culturels, communautaires et sociétaux :

La culture joue un rôle prépondérant sur la santé mentale. Selon les cultures, la détresse psychologique ne s’exprime pas universellement sous forme de dépression ou d’angoisse, mais par des idiomes de détresse spécifiques.

L’expatriation, le processus migratoire et le stress de l’exil fragilisent la santé mentale des migrants, mais surtout celle des femmes.



Les signes précurseurs d’une dépression chez le conjoint suiveur :

Aussi appelé syndrome du conjoint suiveur, la dépression est précédée par une phase de trouble dans les émotions et une phase de questionnements, non pas avec l’autre, mais avec soi-même.


« Ai-je pris la bonne décision en le suivant ?»

« Était-ce la meilleure décision à prendre ? »

« Les enfants pourront-ils surmonter cela ?»

« Ma carrière professionnelle, a-il pensé à moi? »

« Il ne se préoccupe que de son business, et moi alors ? »

« Je n’aurai jamais dû accepter cette idée »

« Il est très égoïste, je le savais » …


Diminution voire perte du sentiment amoureux

Sentiment de vide

Recherche d’identité

Sentiment de s'être fait piégé par l’autre

Altération de la santé physique

Domination de l’estime de soi

Transfert de ses craintes sur l’autre

Transfert de ses attentes sur l’autre

Appréciation des moments de solitude

Incapacité à aborder son état de mal-être avec son conjoint

Estime personnelle écrasée si conflit

Mise en veille du système affectif

Simulation du bien-être


La situation réelle en terre étrangère peut engendrer des contraintes comme la diminution de la confiance, le regret, le transfert de ses peurs sur l’autre, le doute …



Comment déceler la dépression du conjoint suiveur ?

Il est parfois difficile de déceler les signes précurseurs de dépression, car la plupart du temps, le conjoint suiveur ne le montre pas pour ne pas faire culpabiliser l’autre conjoint. On se force à accepter la circonstance, à garder tabou le sentiment de mal-être au prix de notre santé mentale.

La dangerosité de cette acceptation de mal-être se trouve sur ce qui sera utilisé pour combler ce sentiment (addiction à l’alcool, addiction au drogue, trouble alimentaire comme anorexie, boulimie…)



Comment y palier ?

C’est une chose que pouvoir en parler à son conjoint sans trouver de solution ensemble. C’est une autre chose que de ne pas pouvoir en parler intimement.

En effet, tout repose dans la communication. Plus le couple est à même de parler de ses crises, plus il y a de possibilités d’ouverture à une solution interne ou externe, amicale ou thérapeutique.


D’autre part, l’adaptation culinaire climatique et culturelle, l’apprentissage de la langue et l’élargissement de son réseau social représente quelques facteurs de protection.



Simulation #1


Pour la première fois à l’étranger, un couple est délocalisé à l’étranger.

Mme qui autrefois était infirmière, commerçante, enseignante, quitte son emploi pour suivre Mr qui a obtenu un poste de banquier dans une ville d’Afrique accompagné de leur 2 enfants âgées de 10 et 18 ans.


Le banquier est très vite pris par ses nouvelles activités professionnelles et ne rentre que tard le soir à la maison. Il n’a plus l’énergie pour écouter son épouse.


Leur 1er enfants se fait vite des amis. Leur 2e reste très collé à Mme et a du mal a se faire des amis.


L’environnement tropical avec sa chaleur humide, ses bruits étranges et ses odeurs fortes impressionnent dès le début la femme restée au foyer. Ne parlant pas la langue locale, elle ne trouve personne avec qui partager ses difficultés. Elle perd rapidement l’appétit et le sommeil. Fatiguée, toute activité lui pèse et elle ne sort plus.


Ses proches alertés par téléphone prennent contact avec son médecin de famille qui connaît la jeune femme depuis son enfance. Grâce à des entretiens avec son médecin et le soutien de ses proches, elle arrive à reprendre confiance et à trouver des moyens pour faire face à ses difficultés. Elle se rend à l’école locale où elle rencontre la directrice. Celle-ci l’informe de la présence d’un cercle d’expatriés (Douala Accueil) et lui propose d’assister à ses cours afin d’apprendre la langue locale.



Simulation #2


Un homme Australien de 40 ans se lance dans sa première mission avec sa fiancée. Il a atteint un poste élevé dans une grande entreprise de télécommunications de la place et a des projets de mariage.


Cependant, il veut réaliser un vieux rêve et travailler dans le domaine humanitaire au Bangladesh en Inde. Il suit alors un cours de formation avant leur départ en mission en Australie. À leur arrivée, il est affecté dans une autre ville.


Bonjour au choc culturel, à l’adaptation climatique, culinaire, langagière, environnementale…


Son travail est prenant, il est quotidiennement en contact avec les bénéficiaires et leur détresse. Lors de ses déplacements fréquents, il saute souvent un repas. Partageant un logement avec des collègues plus jeunes, il n’arrive pas à se reposer. Il commence à être irritable et présente une hyperactivité non productive. Son supérieur hiérarchique lui fait remarquer son changement de comportement, mais il ne veut rien entendre. Lors d’un séjour en capitale, sa fiancée contacte un médecin qui décide un retour dans leur pays d’origine. Épuisé, amaigri, il ne dort plus et a de la peine à se concentrer. Les symptômes ne s’améliorant pas après un repos de quelques semaines, son médecin le réfère à un spécialiste.


Sa fiancée ne supporte plus son entêtement et pense à reconsidérer la proposition de mariage.


 

Prisca NEIM Consultante en addiction et santé mentale

nstagram : Prisca.neim

LinkedIn : Prisca Neim


Sources :

Organisation Mondiale de la santé (OMS)

https://www.who.int/fr

Organisation internationale du travail (OIT) https://www.ilo.org/global/about-the-ilo/newsroom/news/WCMS_856901/lang--fr/index.htm

 


bottom of page